Article d’opinion  de Bruno Harlé (MD) (Child and adolescent psychiatrist, systemic family therapist)
Hôpital de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Lyon, France

paru dans Trends in Neuroscience and Education (2019)

Résumé 

L’exposition précoce et intensive aux écrans a été associée à des effets délétères concernant différentes variables telles que l’attention, le langage, la régulation des émotions et la socialisation. Certaines de ces variables sont essentielles pour le diagnostic des troubles neurodéveloppementaux, comme le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) et les troubles des apprentissages. Suivant les recommandations de Bradford-Hill, nous soutenons qu’il existe de plus en plus d’arguments cliniques et empiriques à l’appui d’une relation de cause à effet entre l’exposition précoce et intensive aux écrans (plus de 4 heures par jour) et des symptômes de troubles du spectre autistique chez certains jeunes enfants potentiellement vulnérables (moins de 6 ans). Les cliniciens devraient également être conscients de l’existence de cas de récupération ou d’amélioration spectaculaire après que les parents aient accepté l’arrêt de l’exposition aux écrans durant quelques mois, en association avec des moments quotidiens d’interaction dyadique. Cette intervention s’est avérée efficace à plusieurs reprises sans effets secondaires connu.

Conclusion 

Les professionnels devraient être conscients d’un lien de causalité possible entre les symptômes excessifs de temps écran et les TSA chez les jeunes enfants. Cette constatation ne devrait pas décourager toute procédure de diagnostic et de traitement pour ces enfants. Mais nous préconisons un  sevrage d’au moins trois mois sans écran pour les enfants plus jeunes surexposés présentant des symptômes de TSA, accompagné d’une interaction ludique quotidienne avec les parents pour différencier l’autisme classique de l’ « autisme virtuel ». Nous croyons que certains enfants prédisposés manifestent une sensibilité particulière aux écrans qui peut se manifester sous la forme de symptômes autistiques,  habituellement accompagnés d’un retard de langage :  une conséquence déjà bien connue d’un temps d’écrans excessif. Naturellement, compte-tenu de toutes ces preuves accumulées, de la gravité du diagnostic de TSA pour les enfants et les parents, et de son coût pour la société, ne pas tester davantage  cette hypothèse serait non scientifique. Nous attendons plus d’information sur la répartition des temps d’écrans dans les populations de jeunes enfants,  des études épidémiologiques longitudinales plus pertinentes, comprenant  des mesures du temps d’écrans et des symptômes de TSA. Une étude bien conçue avec une intervention randomisée serait une option éthiquement possible pour prouver la causalité dans cette situation.

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Harlé Bruno The case for virtual autism