« Chaque être est et devient
ce qu’il contemple »
Plotin
ENTRETIEN AVEC SABINE DUFLO

KAIROS, Février-Mars 2021

Dossier : DU CRAN VIS-À-VIS DES ÉCRANS ! DÉVIRTUALISONS NOS VIES

Vous êtes psychologue clinicienne, non une théoricienne, et
c’est à partir de vos observations que vous en arrivez à affirmer
la nocivité de tous les types d’écrans sur le développement
mental, cognitif, émotionnel et physique des jeunes. Quels sont
les principaux symptômes rencontrés ? Et quel(s) est/sont le(s)
diagnostic(s) ?
Tout d’abord, la distinction entre clinicien et théoricien est à
mon sens source de malentendus. Le clinicien désigne le médecin
étudiant les maladies par l’examen direct des patients. Par
extension, le psychologue clinicien est celui qui étudie les maladies
mentales par l’écoute du patient et prétend le soigner par là
même. Notre objet d’étude, à nous psychologues cliniciens, c’est
l’homme en général, c’est-à-dire en un sens nous-mêmes. Je
ne crois donc pas aux approches purement théoriques des problèmes
psychologiques. Le diagnostic, en psychiatrie, découle
toujours de l’observation directe d’un ensemble de symptômes
présents chez le patient. Aujourd’hui, j’observe chez une majorité
de jeunes des symptômes particuliers (manque d’attention,
difficulté de mémorisation et donc difficulté dans les apprentissages,
troubles de la communication, manque de sommeil,
etc.) qui sont souvent liés à une exposition prolongée devant les
écrans jointe, ou non, à des contenus inadaptés. Ces symptômes
sont semblables à ceux qu’on observe dans les diagnostics les
plus courants : autisme, TDAH, états limites, etc.

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