20 mars 2017 –

Alors que le débat sur l’accès des sites pornographiques aux mineurs a été récemment relancé par la ministre des Familles, Laurence Rossignol, l’Observatoire de la Parentalité & de l’Éducation Numérique (OPEN) a souhaité faire le point sur l’évolution de la consommation de pornographie chez les adolescents et son influence sur leurs comportements sexuels.

Réalisée par l’Ifop auprès d’un échantillon représentatif de 1 005 adolescents âgés de 15 à 17 ans, cette enquête permet d’y voir plus clair sur l’évolution et l’ampleur d’un phénomène qui suscite autant de craintes que d’idées reçues.

Parmi les nombreux enseignements de cette enquête, on relève notamment les tendances suivantes :


LES CHIFFRES CLÉS

Une forte hausse de la fréquentation des sites pornographiques

La moitié des adolescents âgés de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site pornographique (51%), soit une proportion en nette hausse (+ 14 points) en 4 ans (37% en septembre 2013). Et si les écarts entre sexe s’estompent, la fréquentation des sites X reste une pratique très genrée au regard du différentiel d’expérience entre garçons (63%) et filles (37%).

Une consommation qui repose essentiellement sur l’offre gratuite de film X sur Internet

L’essentiel de la consommation pornographique des ados sur internet s’effectue via des sites gratuits (96%, contre 78% chez l’ensemble des Français), à peine 4% des adolescents ayant déjà surfé sur un site payant au cours de leur vie (contre 22% chez l’ensemble des Français), que ce soit sous forme d’abonnement (4%) ou de payement à l’unité (3%).

Un accès à la pornographie de plus en plus précoce

A 15 ans, la moitié des adolescents interrogés ont déjà vu un film X, que ce soit sur un support télévisuel (46% avant 15 ans) ou sur le web (47% avant 15 ans). Ce rajeunissement de l’accès à la pornographie se retrouve aussi dans la baisse de l’âge moyen de la 1ère visite sur un site porno : 14 ans et 5 mois en 2017, contre 14 ans et 8 mois en 2013.

Une première expérience de la pornographie jugée prématurée pour une majorité d’adolescents

En majorité, les ados considèrent eux-mêmes que cette première expérience était prématurée. En effet, plus d’un ado sur deux (55%) considèrent qu’ils étaient « trop jeune » la 1ère fois qu’ils en ont vu, 45% qu’ils avaient « l’âge pour en voir » et 0% qu’ils étaient « trop âgés ».

L’initiation à la pornographie : une expérience plus collective pour les filles que pour les garçons

Alors que le premier visionnage d’un film X constitue pour la plupart des garçons (64%) une expérience solitaire, la majorité des filles (53%) déclare avoir vu leur premier porno avec quelqu’un d’autre, essentiellement avec leurs ami(e)s (36%) et leurs petits amis (13%).

Le rôle important de la pornographie dans l’apprentissage de la sexualité des jeunes

Près d’un ado sur deux (45%) estime que les vidéos pornographiques qu’il a vues au cours de sa vie ont participé à l’apprentissage de sa sexualité, soit une proportion largement supérieure à celle observée dans la population adulte ayant déjà vu un film X (35% en 2009).